1Voici le portrait d’un ami(Je suis l’ami de tout le Monde)Vous le rencontrerez parmiQui vous côtoyez à la ronde ;Il est tailléComme un Titan,Il n’est sans luiNulle puissance,Mais croit devoir l’obéissanceAu moindre charlatan !Voilà, voilà, voilà l’Athlète,Grand, fort et bête.2Bravant la rigueur des saisons,Froid glacial, soleil torride,Il fait surgir amples moissons,Même du sol le plus aride ;Par son travail, vainquit la faimQui désolait jadis la Terre,Pourtant il vit dans la misèreGrugé par l’Aigrefin :Voilà, voilà, voilà l’Athlète,Grand, fort et bête.3Par ses bras, le fer, le granitMaitrisés, prennent mille formesSa persévérance munitLe Monde de Cités énormes ;Dans les Palais qu’il a construitsSes Faux Dieux seuls ont droit d’asilePendant qu’il niche, humble et docile,En de lépreux réduits :Voilà, voilà, voilà l’Athlète,Grand, fort et bête.4Agitant un morceau de boisAgrémenté de quelque étoffe,Qu’un nabot donne de la voix ;C’en est fini du Philosophe ;Le pacifique et doux GéantPar ce brandon, l’âme empauméeServant l’orgueil du vain pygmée,C’est la course au Néant !Voilà, voilà, voilà l’Athlète,Grand, fort et bête.5Péroraison de ce placetDe forme badine et plaisante :Vous avez bien compris que c’estLe peuple que je vous présente ;Ces quatre mots de VéritéLui montreront le RidiculeQui l’avilit et l’émascule :J’ai toujours souhaité,Le voir cesser d’être l’Athlète,Grand, fort et bête.
L’
Athlète
Jolivet, François-Henri
vendredi 6 janvier 2023, par
Texte de François-Henri Jolivet (≤1930).
http://anarlivres.free.fr/pages/biblio/complements_texte/ChansonsJolivet.html
Publié aussi dans le recueil nº 13 de Nos chansons (1920-1930) de La Muse rouge.