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Le

Peuple est vieux

Avray, Charles d’

vendredi 9 septembre 2022, par claude

Texte et musique de Charles d’Avray (≤1907).

« Le plus jeune de nous est encore trop vieux. »
Ch. d’Avray

Le peuple est vieux, aussi vieux que le monde
À ses côtés souffle un vent généreux
Mais l’ignorance est chez lui trop profonde
Et c’est pourquoi le peuple est malheureux
Il a grandi sans chercher à s’instruire
Il a bâti mais n’a pas su détruire
Va-t-il crever sans aller vers le mieux :
Le peuple est vieux. Ah ! que le peuple est vieux.
 
Regardons-le pendant quatrevingt treize
O son élan, hélas ne fut pas long
Il fit tomber la tête de Louis seize,
Mais se courba devant Napoléon
La République a suivi la Commune,
Rien n’est changé toujours même lacune,
Il est resté victime des envieux :
Le peuple est vieux. Ah ! que le peuple est vieux.
 
Toujours confiant aux formes politiques
À chaque instant il gueule liberté
Il se révolte aux réunions publiques
Puis lâchement ensuite il va voter.
Les lois pourtant tous les jours le cravachent
Et ses élus au visage lui crachent,
Cré nom de Dieu qu’a-t-il donc dans les yeux :
Le peuple est vieux. Ah ! que le peuple est vieux.
 
Debout ! debout ! peuple c’est toi la force
Frappe en plein cœur de ce gouvernement,
Dépouille-toi de cette vieille écorce
Et fous à bas les gars du Parlement.
Rappelle-toi que l’armée est la ruine,
Les galonnés engendrent la vermine,
Fais du drapeau des torchons pour les lieux :
Le peuple est vieux. Ah ! que le peuple est vieux.
 
Si la révolte un certain jour le lasse,
Femme encourage alors ton compagnon
Bravez tous deux la camarde qui passe,
Des révoltés elle est le trait d’union,
Révolution dans le sol que l’on foule,
Vois tes amants porter leur deuil en rouge ;
Bâtis un monde au seuil de leur caveau,
Peuple apparais sur un globe nouveau.

Paru aussi in : Le Libertaire, 4e série (1899-1901), in 13e année, nº 12 (20-27 janvier 1907).