Chemins de la vie : chanson philosophique

1

Est-ce encor bien loin, dis, petite mère

Ce joli chemin qui serpente en bleu ?

Oh ! oui, c’est bien loin, pauvre petit Pierre

On n’en voit la fin qu’en fermant les yeux.

Mais pour les enfants la route est fleurie

Pleine de soleil, de ris, de chansons,

Va, profites-en, cours l’âme ravie

Cueille du bonheur une ample moisson.

Est-ce encor bien loin, dis, petite mère,

Ce joli chemin qui serpente en bleu ?

 

2

Est-ce encor bien loin, petite Jeannette

Ce chemin doré où vont les amants ?

Où l’aimé conduit son bien, sa conquête,

Cueillant des baisers, semant des serments.

La route est moins longue à deux quand on s’aime,

Donne-moi ton âme, allons tous les deux

Parmi les saisons au changeant poème,

La main dans la main, les yeux dans les yeux

Est-ce encor bien loin, petite Jeannette

Ce chemin doré où vont les amants ?

 

3

Est-ce encor bien loin ce pays des rêves

Vers lequel hélas ! il faut tant marcher ?

Comme un paria j’ai lutté sans trêve

Sans jamais pouvoir de près l’approcher.

On dit que là-bas est une autre vie,

Que c’est le berceau de l’Humanité

Où tous les humains n’ont qu’une patrie

Enfantée d’amour et d’égalité.

Est-ce encor bien loin ce pays des rêves

Vers lequel hélas ! il faut tant marcher ?

 

4

Est-ce encor bien loin l’étape dernière

Où je trouverai, de mes maux, la fin ?

Quand la mort clora mes vieilles paupières

Au fond du fossé, de ce grand chemin.

Parmi les vaincus de la route immense

Pourrai-je entrevoir l’horizon rêvé

Verrai-je, le monde, au nom de la science,

Rénové, grandi, au but arrivé

Est-ce encor bien loin l’étape dernière

Où je trouverai de mes maux la fin ?