1Quand la neige tend, tel un blanc linceul,Son tapis ouaté sur toute la terre ;Quand, désemparé, le poète seul,De nouveau gémit et se désespère ;Quand le ciel revêt, pour deux ou trois mois,Sa robe de gris teinté d’améthyste ;Quand l’autan cruel dépouille les bois,La nature est triste !2Quand le sol gercé par le vent du nord,Devient dur et froid comme un bloc de marbre ;Quand, accomplissant son œuvre de mort,Le gel casse en deux les branches de l’arbre ;Quand des verts buissons et des prés en fleurs,Le souvenir seul en nos cœurs subsiste :Quand-les yeux du temps n’ont plus que des pleursLa nature est triste !3Quand au seuil glacé du pauvre artisanLe pierrot mourant va crier famine ;Quand le « Dia, hu, hau » du bon paysanS’éteint dans la plaine et sur la colline ;Quand tout agonise, et quand l’être humainPour boire et manger seulement existe ;Quand le sans-travail va tendre la main,La nature est triste !4Quand Progné déserte, une fois encor,Son vieux nid pétri d’amour et d’argile ;Quand on n’entend plus la chanson du corDes joyeux sylvains profaner l’asile ;Quand aux floraisons du givre moqueurLa rose flétrie, impuissante, assiste ;Quand l’hiver enfin paraît en vainqueurLa nature est triste !
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Chanson d’hiver
Bizeau, Eugène
dimanche 8 janvier 2023, par
Texte d’Eugène Bizeau (1911). Musique d’Auguste Fay.
Paru dans : Bizeau, Eugène. — Les Chansons qui passent… / mus. Auguste Fay. — Paris : La Muse rouge, 1911. — 8 p.