Parfois de sa terrible bouche,La révolte crie en passant,Parfois un silence farouche,Creusera l’abîme plus grand.Mais toujours la révolte veilleOn la croit morte, elle s’éveille,Son cœur bat éternellement.La révolte est la conscienceEt tout être la sent en lui,Lente, elle devient la vengeanceQuand l’ennui tombe sur l’ennui,Les tortures sur les tortures,Que s’entassent les forfaituresEt tout le mal, jamais fini.La révolte c’est la justiceJetant les foules en avant,Parfois elle est libératrice ;Ses appels sonnent dans le vent,Quand elle souffle sur les êtresIls vengent les lointains ancêtresÉcrasés sur le sol sanglant.Comme l’homme elle prend la bête,Au cirque ainsi fait le taureau !Mêlant dans la sauvage fêteSon sang au sang de son bourreau.Monte, monte, révolte sainte !Comme une mer monte sans crainte,Au vieux monde creuse un tombeau.Fais-toi plus grande que la terreAfin de tout prendre à la fois :Crime, désespoir et misère,Codes sanglants, menteuses lois.Monte, monte, révolte sainte !Efface la maudite empreinteDe l’esclavage d’autrefois.Il viendra le temps d’anarchieOù les races se mêleront ;La révolte gronde en furie,Et le cyclone les confondEn une humanité nouvelle,Qui commencera jeune et belleUn temps heureux, libre et fécond.
La
Révolte
Michel, Louise
lundi 9 janvier 2023, par
Texte de Louise Michel (avant 1905).
http://anarlivres.free.fr/pages/biblio/complements_texte/ChansonsMichel.html
Paru aussi in : L’Anarchie (1905-1914), nº 25 (28 septembre 1905)