À l’ami François
L’heure patriotique du tirage au sortA fait vibrer le beffroi légal des mairies,Les gâs aux grands yeux bons sont devenus conscritsEt leur troupeau dévale par les ruesSous le geste dur des houlettes tricolores.En les voyant ainsi passer, les filles bellesQui s’avancent par la paix fleurie des venelles,Se demandent en leur naïveté, pourquoiL’on gaspille ainsi bêtement si belle soie.Holà ! nos galants aimés. Holà ! disent-elles,Baillez-nous l’étoffe jolie de vos drapeaux,Nous en ferons de robes bleus, rouges ou blanchesEt nous les froisserons aux danses des dimanchesContre votre cœur qui s’en montrera plus tendre.Mais les galants passent et s’en vont sans comprendreLe bon désir des amantes qui restent seules…Et demain les drapeaux leur seront des linceuls.