Dodo, bernique !Sainte politique,Endors bien tes petits enfantsJusqu’à l’âge de soixante ans ;Quand ils ne pourront plus trimer,Vite il faudra les supprimer !Dodo, bernique !1Oui, de la retraite, enfin voici l’heure !Sur notre pain sec on mettra du beurre !Les vieux travailleurs, entourés d’amour,Vont être rentiers à cinq jours par jour !Dodo !2Ajoutons à ce chiffre fantastiqueDont l’emploi rêvé donne la colique,Les riches cadeaux dont nos dirigeantsVeulent accabler tous les pauvres gensDodo !3Les maçons fourbus, les tailleurs de pierreAuront leur dalle au fond du cimetière.Peintres, couvreurs, fumistes, plâtriers,Mangeront gratis chez les briquetiers.Dodo !4Les batteurs de fer tués par la forgePour leur toux auront du bon sucre d’orge.Les mécaniciens aussi les chauffeurs,Pourront voyager en vrais trimardeurs.Dodo !5L’ouvrier du bois, pour sa grande peine,Jouira d’une lourde bière en chêne.Aux ajusteurs d’art, aux fins serruriersOn réservera postes de geôliers !Dodo !6Et les corroyeurs, vivant de famine,Mourront en linceul fait de peau très fine.Les cordonniers dont l’haleine est à boutDe vieux cuirs feront d’excellent ragoût.Dodo !7Les mineurs vannés comme grains de bouillieAutour de la fosse feront patrouille.Quant aux gas hardis qui vont sur les eaux,On leur montera d’immenses bateaux.Dodo !8Les tailleurs ayant gardé de beaux restesSauront y trouver de très amples vestes.Les verriers pourront à l’aise soufflerEt les tisserands n’auront qu’à filer.Dodo !9Les employés qui deviennent des hommesAuront un membre au conseil des prud’hommes.La pauvre ouvrière, aux yeux consumés,Recevra binocle à verres fumés !Dodo !10L’ouvrier courbé sur la terre dure,Enfant trop gâté de mère nature,Quand de ses bras las tombera l’outil,À Paris viendra semer du persil.Dodo !11Ainsi tous auront large récompenseDe n’avoir jamais pu s’emplir la panse.Médailles de bronze et savants discoursLeur feront trouver les vieux jours très courts.Dodo !12Mais les fainéants de tout ministèreVivront grassement jusqu’à mise en terre.Cependant que les travailleursAttendront, sous l’orme, des jours meilleurs !Dodo !Dodo, bernique !Sainte politique,Endors bien tes petits enfantsJusqu’à l’âge de soixante ans ;Quand ils ne pourront plus trimerVite faudra les supprimer !Dodo, bernique !
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Dodo, bernique !
Reybar, Noël
mercredi 11 janvier 2023, par
Texte (et musique ?) de Noël Raybar (1905 ?).
Le débat sur les retraites ouvrières en 1905 en France, pour un premier aboutissement en 1911.
Paru aussi in : L’Anarchie (1905-1914), nº 11 (22 juin 1905) : « L’auteur tient la musique à la disposition des camarades au prix de 0,25. »