Nés sous un chaume au coin d’un bois,Aux quatre vents de la misère,N’ayant pas un pouce de terreEt manquant de pain bien des fois ;Tristes en songeant à la vie ;Le Bonheur n’étant pas pour eux :Voilà pourquoi les malheureuxSont en révolte et n’ont pas de patrie.L’abondance est dans les châteauxQui dominent tout le village :Bœufs et moutons au pâturage,Fleurs et fruits, plaines et coteaux,Forêts, rivières, métairies,Terre et soleil, rien n’est pour eux.Voilà pourquoi les malheureuxSont en révolte et n’ont pas de patrie.Nés sur un grabat des faubourgs,Ils grandissent, serfs de l’usine,Ou mercenaires de la mine.Où l’ont ne fait pas de vieux jours.Et dans ce combat pour la vieL’espoir ne luit jamais pour eux,Volà pourquoi les malheureuxSont en révolte et n’ont pas de patrie.Cheminant par vaux et par montsEt rongeant leur dernière croute,S’ils tombent mourants sur la route.On les prend pour des vagabonds ;Le Code est sans pitié pour eux.Voilà pourquoi les malheureuxSont en révolte et n’ont pas de patrie.Et, regardant vers l’infiniÀ l’heure où le soleil se lève,Plongés dans leur pénible rêve,Ils pensent que tout est fini,Et que la patrie et la vieSont trop marâtres pour eux.Voilà pourquoi les malheureuxSont en révolte et n’ont pas de patrie.De la terre au ciel ils n’ont rien,Enfants perdus dans la nature,Ils se disputent leur pâture,Sans droit, sans arme et sans soutien ;Ils vivent ignorant la vieEt la mort leur ferme les yeux.Voilà pourquoi les malheureuxSont en révolte et n’ont pas de patrie.
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Les
Sans-Patrie
Clément, Jean Baptiste
jeudi 12 janvier 2023, par
Texte de Jean Baptiste Clément (<1891).
Une scission au sein de la Fédération des Travailleurs Socialistes, en 1891, donne un groupe anarchiste qui prend ce nom — en hommage à Jean Baptiste Clément. Il disparait en 1894. Voir « Les Sans Patrie de Charleville-Mézières »
Paru aussi in : Clément, Jean Baptiste. — La Chanson populaire. — Paris : Bibliothèque ouvrière socialiste, 1900. — 63 p. — P. 59-61.
Paru aussi in : L’Anarchie (1905-1914), nº 30 (2 novembre 1905)
Paru aussi in : Le Cubilot. — Aiglemont : 1906-1908. — Nº 3 (8-21 juil. 1906)
Paru aussi in : Le Réveil artésien. — Arras : 1910-1911. — Nº 47 (28 janvier-4 février 1911).