Allons, peuple français ! Allons, joyeux bétail,Pavoise tes maisons, illumine tes rues ;C’est quatorze juillet ; au prix de ton travail,Mets tes lampions, des bannières aux avenues.Rien ne sera trop beau pour fêter ce grand jourOù ton bras vigoureux renversa la BastilleEt sut porter la hache en ce sombre séjourDe supplices et d’horreur, de sang et de guenille !Ah ! tu peux être fier de ce jour immortelOù tu changeas de maîtres et sus rompre les chaînesQui enserraient le Tiers État. L’odieux Castel,Par d’autres remplacés, doit conserver tes haines.De Charybde en Scylla, de Capet en César,De vil esclave en citoyen, de MonarchieEn République et de serf en joyeux votard,Naufragé bienheureux, fête ton ineptie !Peuple libre, viens voir tes beaux petits soldats,Et tes beaux officiers pour commencer la fête.Et devant ce drapeau, devant ces falbalas,Sois fier, respectueux, bien bas, courbes la tête !Peuple libre, viens voir : lupanars et prisons,Casernes et beuglants débordent d’alégresse.Ô peuple souverain, au bruit de tes chansons,L’Univers étonné, juge de ton Altesse !Peuple libre viens voir : ici c’est l’hôpital,Là c’est le bagne : ici l’on meurt, ici l’on souffre !Peuple libre viens voir encor avant le bal,C’est l’Asile de nuit, ce pont noir comme un gouffre !Peuple libre, viens voir : entre ici, car l’on boit ;ici l’on chante, ici l’on rit, ici l’on danseHurrah ! hurrah ! Vive l’Absinthe, à bas le Roi !Hurrah ! vive le Vin ! hurrah ! vive la France !Peuple libre, tu es bien saoûl, tu as trop buCitoyen ! chante encor, pour vomir à ton aisePour mieux cuver ton vin, au petit jour vécu,Dans un dernier hoquet, chante la Marseillaise !!
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Le
Quatorze juillet
Larivière, Pierre
vendredi 13 janvier 2023, par
Texte de Pierre Larivière (1906).
Paru aussi in : L’Anarchie (1905-1914), nº 66 (12 juillet 1906)