En un creux de terrain aussi profond qu’un antre,Les étangs s’étalaient dans leur sommeil moiré,Et servaient d’abreuvoir au bétail bigarré,Qui s’y baignait, le corps dans l’eau jusqu’à mi-ventre.Les troupeaux descendaient, par des chemins penchants :Vaches à pas très lents, chevaux menés à l’amble,Et les bœufs noirs et roux qui souvent, tous ensemble,Beuglaient, le cou tendu, vers les soleils couchants.Tout s’anéantissait dans la mort coutumière,Dans la chute du jour : couleurs, parfums, lumière,Explosions de sève et splendeurs d’horizons ;Des brouillards s’étendaient en linceuls aux moissons,Des routes s’enfonçaient dans le soir — infinies,Et les grands bœufs semblaient râler ces agonies.
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L’
Abreuvoir
Verhaeren, Émile
jeudi 26 janvier 2023, par
Texte d’Émile Verhaeren (1883).
Paru dans : Verhaeren, Émile. — les Flamandes. — Bruxelles : Lucien Rochsteyn, 1883. — 122 p. (p. 52).
Paru aussi in : L’Anarchie (1905-1914), nº 365 (11 avril 1912)