Règne d’amour

(Refrain)

Nous aimons, nous voulons

L’universelle harmonie.

Luttant pour voir un jour

Le doux règne de l’amour

 

1

Pionnier d’un monde nouveau

Qui martèle en notre cerveau

La clameur du juste et du beau

Vers le mieux la pitié nous mène ;

Aux riches, au forts, au vainqueurs,

Nous allons disant nos rancœurs,

Car nous éprouvons en nos cœurs

L’effroi de la détresse humaine.

 

2

Le sol nous donne ses moissons,

L’oiseau ses naïves chansons,

La brise ses exquis frissons,

Le ciel sa divine espérance ;

Mais dans la rue ou le taudis.

Combien de pauvres, de maudits,

N’attendent pour tous paradis

Que l’inexorable souffrance !

 

3

Quand vient le ciel gris dé l’hiver.

Les durs frimais, le vivre cher ;

Quand le froid piaule en notre chair

Ses impitoyables morsures ;

Il est triste de voir des gens

Hommes, femmes, vieillards, enfants,

Tous également innocents.

Sans pain, sans logis, ni chaussures !

 

4

Indigents par cents entassés,

Orphelins, nus et délaissés.

Vieux sous la fatigue affaissés,

Déchets humains sombre revus ;

Puis garnements, filles, voyous,

Monstres surgis on ne sait d’où,

El que nous vomit le verrou

Affreux afflige noire vue !

 

5

Pour conjurer ces tristes sorts

Si trop de cœurs hélas ! sont morts

De lâchetés et de remords,

J’en connais d’autres magnanimes :

Par l’universelle bonté.

Le mal un jour sera dompté

De l’obscure fatalité

Nous ne plaindrons plus les victimes !