Les gens qui traînent la misèreSont doux comme de vrais agneaux ;Ils sont parqués sur cette terreEt menés comme des troupeaux.Et tout ça souffre et tout ça dansePour se donner de l’espérance !Pour se donner de l’espérance !Pourtant les gens à pâle mineOnt bon courage et bonnes dents,Grand appétit, grande poitrine,Mais rien à se mettre dedans.Et tout ça jeûne et tout ça dansePour se donner de l’abstinence !Pour se donner de l’abstinence !Pourtant ces pauvres traîne-guêtresSont nombreux comme les fourmis ;Ils pourraient bien être les maîtres,Et ce sont eux les plus soumis.Et tout ça trime, et tout ça dansePour s’engourdir dans l’indolence !Ils n’ont même pas une pierre,Pas un centime à protéger !Ils n’ont pour eux que leur misèreEt leurs deux yeux pour en pleurer.Et tout ça court et tout ça dansePour un beau jour sauver la France !Du grand matin à la nuit noireÇa travaille des quarante ans ;A l’hôpital finit l’histoireEt c’est au tour de leurs enfants.Et tout ça chante et tout ça danseEn attendant la providence !En avant deux ! Ô vous qu’on nommeChair à canon et sac à vinVa-nu-pieds et bête de somme,Traîne-misère et meurt de faimEn avant deux et que tout dansePour équilibrer la balance !
« Les Traine-misère », paroles des Jean-Baptiste Clément (1885), musique de Marcel Legay