1Le Bourgeois, c’est la mauvaise bêteToute en ventre, en lard, sans cœur ni tête,C’est le cochon las,Trop lourd et trop gras,C’est l’animal vil et sot.C’est le crapaud, l’ignoble limace,Qui rampe, se vautre, et qu’on ramasseSur le banc des Chambres,Dans les antichambres ;Dans le purin du ruisseau.2C’est le Patron, c’est le tueur d’hommes,C’est le roi des lâches que nous sommes,Le muffle qui vendL’œuvre du savant,Ou le travail de nos mains ;C’est le rentier fier en sa calèche,Et le Soudard sanglant qu’on pourlèche,C’est toute infamie,C’est Sedan, Fourmies,C’est le dégoût des Humains !…3Le Bourgeois, cet âne qu’on déguise,Est Curé, Rabbin, Juge, à sa guise ;C’est l’enjuponné,Le pitre fanéQui vend le Ciel et le Droit.C’est l’écrivain, c’est l’homme d’affaire,Celui qui vit trop bien sans rien faire,Goinfre épouvantable,Roulant sous la table,Tandis que le Peuple a froid !4Pauvres gueux !… Ah ! gens à pâle mine,Mal nippés, sacs d’os, chair à famine,Vous les miséreux,Vous les ventres creux,Que le Bourgeois raille et bat !Allez tous et rassemblez vos ombres ;Peuple, en avant ! Pendant que tu sombres,Ceux pour qui tu crèves,Joyeux, font des rêves !…En avant pour le combat !…
17 janvier 1896