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L’

École centrale

Bépow

lundi 13 février 2023, par claude

Texte de Pépow ou Bépost (1896).

Personne n’ignore que les élèves de l’École Centrale réclament une tenue et se démènent en conséquence.

1
Nous somm’s des p’tits jeunes qui n’sommes pas militaires
Et c’pendant nous voulons porter l’sabre au côté.
Nous s’rons plus respectés en r’tournant dans nos terres
À Pâque, au jour de l’an, aux grand’s vacance’s d’été.
Nous allons faire une lettre au ministre de la Guerre
Que l’plus grand d’entre nous ira lui-mêm’ porter,
Et l’ministre dira ; « La chose est nécessaire »
Ou bien : « J’vas signer ça ; n’viendrons plus m’embêter ».
 
2
Nous somm’s les p’tits centraux. Nous n’somm’s pas des grands hommes,
Mais nous en somm’s tout d’mêm’ puisque nous l’deviendrons.
Or, conçoit-on qu’des gens qui sont ce que nous sommes
S’promèn’nt sans uniform’ comm’ de vulgair’s maçons ?
Nous allons faire une lettre au ministre de la Guerre
Que l’plus grand d’entre nous ira lui-mêm’ porter,
Et l’ministre dira ; « La chose est nécessaire »
Ou bien : « J’vas signer ça ; n’viendrons plus m’embêter ».
 
3
Nous épat’rons la femm’ du bourgeois méthodique
Et puis tout’s sortes d’femm’s et puis les bonnes d’enfant ;
Nous épat’rons M’sieur l’Président d’la République ;
Nous épat’rons tout l’monde, même l’prince de Sagan
Nous allons faire une lettre au ministre de la Guerre
Que l’plus grand d’entre nous ira lui-mêm’ porter,
Et l’ministre dira ; « La chose est nécessaire »
Ou bien : « J’vas signer ça ; n’viendrons plus m’embêter ».
 
4
Nous n’voulons plus d’vestons, donc — et plus d’rodinguotes
Nous n’voulons plus r’sembler à qui nous r’semble encor ;
Nous voulons des képis, nous voulons des grand’s bottes,
Nous voulons des galons qui soient de la vraie or.
Nous allons faire une lettre au ministre de la Guerre
Que l’plus grand d’entre nous ira lui-mêm’ porter,
Et l’ministre dira ; « La chose est nécessaire »
Ou bien : « J’vas signer ça ; n’viendrons plus m’embêter ».
 
5
Et nous trst’rons tout l’temps élèv’s à la Centrale
Car après nos cinq ans nous r’porterions l’veston.
Ah ! qu’ell’ sera fièr’ de ses centraux, la capitale !
Qu’ell’ sera fièr’ la province ! Ah ! min’ de pâmoison !
Nous allons faire une lettre au ministre de la Guerre
Que l’plus grand d’entre nous ira lui-mêm’ porter,
Et l’ministre dira ; « La chose est nécessaire »
Ou bien : « J’vas signer ça ; n’viendrons plus m’embêter ».

Paru aussi in : Le Libertaire (1895-1899), nº 25 (2-8 mai 1896).