Vous qui pleurez en des mansardes,Vous dont les lamentables hardes,Dont les pauvres mines hagardesSemblent suspectes à la gentBourgeoise qui trouve outrageantQu’on ne puisse, avec de l’argent,Vous chasser même de la rue,Où votre misère apparueDevant la foule qui se rueÀ la conquête du Veau d’OrInspire peut-être un remord ;Vous qui n’espérez qu’en la Mort,Femmes que la vie a meurtries,Victimes lâchement flétries,Et dont les mamelles tariesAu lieu de bon lait nourrissantNe versent plus qu’un peu de sangÀ vos chers petits blêmissant ;Femmes de douleur, lents martyres,Pâture de tous les vampires.Bouches ignorantes des rires ;Vous qui tombez sur le chemin,Qu’épuise un labeur surhumain.Femmes dont on vole le pain,Et dont on vole les caresses.Car la ressource, en vos détresses,C’est de devenir les maîtressesDe vos sinistres affameurs ;Femmes, étouffez vos clameursBlasphémautes ! Que des rumeursJoyeuses, que des chansons follesNaissent sur les roses corollesDe vos lèvres, que des parolesD’amour, douces comme un parfum.Après les jours où l’on eut faim,Proclament le bonheur sans fin !Femmes qui maudissiez la vie,— Toute ivresse vous fut ravie —Soyez l’espoir : je vous convieÀ l’Insouciance aujourd’hui !Rothschild, le Soleil d’Or qui luit,Lee Roi, le Seul Maitre, enfin, LUI,Rothschild vient de marier sa fille !Toute la gaîté qui scintille,L’ineffable splendeur qui brilleAutour de cet hymen vainqueurDoit vous mettre liesse au cœur,Doit apaiser votre rancœur !C’est la Banque et c’est la Noblesse :Juifs,chrétiens— tous ceux qu’on engraisse,Tous ceux qui vous mènent en laisse !Que de bijoux étincelants,Dont les feux tremblent, ruisselants,Pourpres, verts, violets et blancs !Mais toutes ces superbes pierres,Telles des larmes de lumières,Ce sont les pleurs de vos paupières !Ô Femmes, l’une d’entre vousA plus versé de pleurs que tousCes gens n’étalent de bijoux !Ces rubis de pourpres vermeilles,A des gouttes de sang pareilles,Ces rubis parant leurs oreillesSont les pleurs qu’ils ont retirésDe vos pauvres cœurs ulcérés.Comme une éponge pressurés.Leur bonheur fait de mille charmesPrend sa source dans vos alarmes :C’est votre sang et c’est vos larmes.⁂
Prenez garde, riches moqueurs,Car la révolte, dans les cœurs,Fait vibrer ses hymnes vainqueurs.Et par les vengeances augustesDes Spoliés aux bras robustesSurgira le monde des Justes !
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Épithalame
Kleyman, Gaston
mardi 14 février 2023, par
Texte de Gaston Kleyman (1896).
L’épithalame (en grec ancien ἐπιθαλάμιον / epithalámion) est une sorte de poème lyrique composé chez les Anciens à l’occasion d’un mariage et à la louange des nouveaux époux. En Grèce antique, il était chanté par un chœur avec accompagnement de danses. (Wikipédia : vu le 14 février 2023)
Paru aussi in : Le Libertaire (1895-1899), nº 29 (30 mai-5 juin 1896).