On causait, cherchant à s’instruire.(Innocente prétention)Le sujet pouvait nous séduire :Science et Civilisation.« Dans un siècle, disait-on, l’hommeSe nourrira chimiquement.On pourra s’alimenter commeOn avale un médicament,Plus besoin d’être une heure, à table,À mastiquer en grimaçant :D’un trait, un repas délectableAbsorbé. Plus rien d’offensant :Car cette savante ambroisie.D’après sa composition,Produira, selon fantaisie,Telle odeur de digestion.Quel progrès ! Au parfum qu’on aime,Péter en tous lieux librement.Pour les amants, bonheur suprêmeS’embaumer réciproquement.De nos jours le monde hypocrite,Se gênant, ma foi, bien à tort.Étouffe la note insoliteEt, fatalement, sent très fort. »-- C est vrai, dit, en liant, Valdèvres ;Moi, pour les expulser sans bruit,Je les lamine entre mes lèvres.Mais, sachant qu’ils sentent leur fruit,Afin que nul ne me soupçonne.Je dis, avant : Dieu ! quelle odeur !Puis j’agis, lors, quand ça foisonne.Je plane, étant le délateur ;C’est roublard. — Moi, dit MadeleineChez mes parents. j’les f’sais r’monter,Mais ça m’donnait mauvaise haleine ;Maint’nant j’les sors sans m’épater.Avec ou sans bruit faut les prendre.Quelquefois c’est un souffle, un rien,Mais Édouard n’aim’ pis les entendreJe les lamine quand il vient.— Ah ! bien. moitis Gavrochinette,Je suis à l’aise avec Gaston,Et c’est franchement que je pète ;D’ailleurs il me donne le ton.Chez nous, c’est un éclat de rire,C’est un feu roulant plein d’esprit ;Quand c’en est un beau, quel délire !De suite on lui donne le prix.Tout fier de l’honneur qu’on récolte,Bravement, comme un insurgéQui fait appel à la révolte.On frappe, au cœur, le préjugé ;Car le lainage est un vice.Je m’en voudrais d’avoir vécuDans le mensonge et l’artifice :V’ive la liberté du dos !
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Pour rire un brin : laminage
Paillette, Paul
mercredi 15 février 2023, par
Texte de Paul Paillette (≤1896).
Tiré dans Tablettes d’un lézard.
Paru aussi in : Le Libertaire (1895-1899), nº 35 (11-17 juillet 1896).