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Le

Quatorze jeuyet

Mignard

mercredi 15 février 2023, par claude

Texte de Mignard (≤1896).
Bon ! c’est encor l’quatorz’ jeuyet,
C’est donc tous les ans la même chose,
Qu’on vient nous dire : Enfin ! ça y est ;
L’prolo verra la vie en rose.
Avec leur retraite aux flambeaux
Et l’lendemain leur feu d’artifice,
Leurs confettis et leurs drapeaux,
I’m’font… non ! vrai ! faut que ça finisse.
Ainsi, c’t’année, pendant trois jours
Faudra déserter la boutique,
Et s’prom’ner sur tous les pourtours,
En l’honneur de la République.
Ben vrai ! ça commence à m’raser.
J’aime à m’prom’ner comme un notaire
Mais faudrait bien qu’j’puisse écraser
Un peu d’bidoch’ sous ma molaire.
Ils sont là d’dans un tas de feignants
Qui nous conseill’nt de faire la fête,
Mais, quand on a la faim aux dents,
La gaieté n’est pas toujours prête
Avec l’argent qu’on met dans l’tas
Pour nous fair’ croir’ qu’on s’a gondole,
On pourrait nous garnir des plats
Jusqu’à vous couper la parole.
Mais y faut qu’l’gouvernement
Célèbr’ sa fête à la même date
Tandis qu’moi, c’est mon sentiment,
C’est pas l’décorum qui m’épate.
Un bon gigot, un’ tranch’ de veau,
J’aim’rais mieux ça qu’tout’ cet’ musique
Qu’ça peut bien fair’ d’voir un drapeau
Lorsque l’on crève en République.

Paru aussi in : Le Libertaire (1895-1899), nº 36 (18-24 juillet 1896).