Bon ! c’est encor l’quatorz’ jeuyet,C’est donc tous les ans la même chose,Qu’on vient nous dire : Enfin ! ça y est ;L’prolo verra la vie en rose.Avec leur retraite aux flambeauxEt l’lendemain leur feu d’artifice,Leurs confettis et leurs drapeaux,I’m’font… non ! vrai ! faut que ça finisse.Ainsi, c’t’année, pendant trois joursFaudra déserter la boutique,Et s’prom’ner sur tous les pourtours,En l’honneur de la République.Ben vrai ! ça commence à m’raser.J’aime à m’prom’ner comme un notaireMais faudrait bien qu’j’puisse écraserUn peu d’bidoch’ sous ma molaire.Ils sont là d’dans un tas de feignantsQui nous conseill’nt de faire la fête,Mais, quand on a la faim aux dents,La gaieté n’est pas toujours prêteAvec l’argent qu’on met dans l’tasPour nous fair’ croir’ qu’on s’a gondole,On pourrait nous garnir des platsJusqu’à vous couper la parole.Mais y faut qu’l’gouvernementCélèbr’ sa fête à la même dateTandis qu’moi, c’est mon sentiment,C’est pas l’décorum qui m’épate.Un bon gigot, un’ tranch’ de veau,J’aim’rais mieux ça qu’tout’ cet’ musiqueQu’ça peut bien fair’ d’voir un drapeauLorsque l’on crève en République.
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Le
Quatorze jeuyet
Mignard
mercredi 15 février 2023, par
Texte de Mignard (≤1896).
Paru aussi in : Le Libertaire (1895-1899), nº 36 (18-24 juillet 1896).