Course au cochon

L’populo, c’eut un bon garçon ;

Qu’on lui fasse un’ course au cochon

L’jour d’là fête d’la République,

 

I’ cri’ : Vive l’conseil cipal !

Vive l’tanneur et l’capital !

I’ crierait même : Viv’ les coups d’trique !

 

Dans not’ petit Landerneau,

Pour s’honorer. l’mair’ nouveau,

Avec la commission des fêtes,

 

Connaissent bien tous les moyens

Pour amuser les purotins,

Vu qu’c’est des gars qui sont pas bêtes.

 

l’s ont trouvé, les fins matois,

Pour fêter la fêt’ des bourgeois,

L’cochon qui servira d’enseigne.

 

L’matin, défilé des pompiers,

Accompagnés des conseillers.

En attendant que l’cochon s’baigne

 

On ira percer des cartons ;

En avant, cambouis et clairons,

I’ faut bien amuser la masse.

 

Voyons, tous les bons citoyens.

Les p’tits, les grands, mêm’ les moyens,

Tous veux qui sont d’la populace,

 

Alignez-vous comm’des moutons

Derrièr’ les bourgeois, vos patrons,

Avec des cocardes tricolores ;

 

Quand vous aurez fini d’tirer,

Dans la Sein’, vous irez lutter

Avec le cochon carnivore.

 

L’heur est v’nue, on lâch’ l’animal

Qui représente l’capital

Et tous les mistoufiers en laisse

 

S’jett’nt dessus comme une meut’ de chiens

Et l’patron dit : Comme ça va bien,

Nous, nous avons toujours la caisse.

 

Tant que j’verrai ces fourbis-là,

J’m’dirai c’est encore pas ça

Qu’affranchira les prolétaires.

 

Mais c’qui me consol’, c’est d’voir des gas

Qui ne veul’nt plus marcher au pas.

A pousse’ la grain’ de libertaires.