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Enjuponnés

Pothin-Vérin

mercredi 15 février 2023, par claude

Texte de Pothin-Vérin (1896).
J’en ai soupe, moi, des curés ;
Ces marchands d’bons dieux et d’prières,
Ces paquets d’viande enjuponnés,
Qui s’ballad’nt avec des bréviaires,
Ça m’fait sortir ed’ mon grimpant.
J’voudrais pouvoir taper à l’aise
Dans ces bons frèr’s à la gueul’ niaise,
Qu’a eun’ bavett’, comme un enfant.
 
J’voudrais aussi taper dans l’tas
Des typ’s à barb’, des missionnaires,
Des ceuss’s qui n’est pas tondu ras
Et qui s’en va fair’ des magnières
Aux cinq cents diables pour préparer
Quéque expédition coloniale,
Ousque, pour laver leur linge sale,
Populo ira s’fair’ sabrer.
 
Mais pendant qu’tous ces futurs saints
I’s m’font sortir ed’ ma culbute,
C’qui m’épate, c’est les capucins ;
Quand j’en vois un, j’m’écrie : Ah ! flûte !
Qu’il est joli, qu’il est barbu !
Ah ! nom de Dieu, la belle figure !
En voulez-vous, des robes d’bure
Et des arpions qui sentent l’nu ?
 
Tas d’ratichons, tas d’bondieusards,
Prélats à rob’s roug’s ou violettes,
Ignorantins, cléricafards,
Et vous, nonn’s, avec vos cornettes,
Continuez sans vous épater
A protéger l’ignorantisme.
Cerveaux fêlés par l’onanisme.
Qui donc os’rait vous arrêter ?
 
Mais, prenez garde ! Viendra un jour…
(Et qui sait ? ce jour est p’t-êtr’ proche)
Où l’Anarchie aura son tour.
Alors, vous rentrerez sous cloche…
Mais nous irons dans vos couvents,
Dans vos bordels, dans vos églises,
Nous y eutass’rons vos bêtises,
Et après, nous foutrons l’feu d’dans !

Paru aussi in : Le Libertaire (1895-1899), nº 57 (10-16 décembre 1896).