Ils sont assis dans des fauteuilsEt ils ont tous des galons d’or,Passementerie qui les décoreEt qui les maintient dans l’orgueil.Ils ont des visages sinistresOù tous les vices semblent s’unir :Vice du mensonge,Vice de la chair,Vice de l’inhumanité.Et ils vont juger des hommes !D’y songer j’en frémis, et d’épouvantement.Je voudrais une tempête pour mes colères,Pour rendre mes colères plus grosses, et faireAlors les plus formidables rugissements !Les autres, les martyrs,Sur leurs bancs,Écoutent les propos des juges.Anéantis,Ils sont là et ils attendent.Leurs membres se rappellent des douleursEt leur raison pleure.Ils ont été déjà vaincusUne fois, deux fois, cent fois.Dans leur prison toutes les torturesLes ont roulés,Et les cris provoquaient les rires !Leurs souffrancesDonnaient naissanceÀ de la joie chez leurs bourreaux !Ce sont des prêtres, ce sont des soldats, ce sonrDes marchands, créateurs de hontes et d’orgies,Qui ont ordonné qu’on les jetât en prisonEt qu’on leur arrachât toutes leurs énergies !Les voilà condamnés,Ceux-ci au bagne, ceux-là à mort.Ah ! qui donc, d’eux ou des autres,Sont les coupables ?Quelle morale et quelle peurSont la morale et la peurDe ces hommesQui osent enfoncer des clousDans des chairs,Qui osent enfoncer des clousDans des yeux clairsQui voient dans l’avenir tant et tant de beautés !
Accueil > Chansons > Montjuich
Montjuich
Decrept, Étienne
mercredi 15 février 2023, par
Texte d’E.D. [Étienne Decrept] (≤1897).
Montjuich, forteresse de Barcelone. Les condamnés à mort y sont exécutés.
Sur la procès de Montjuich/Montjuïc : https://ca.wikipedia.org/wiki/Proc%C3%A9s_de_Montju%C3%AFc
<:paru_aussi :> : Le Libertaire (1895-1899), nº 62 (15-21 janvier 1897).47 (p. 25).