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Les

Bas

Paillette, Paul

jeudi 16 février 2023, par claude

Texte de Paul Paillette (≤1897).
Est-ce Montmartre où tu naquis,
Es-tu miché, maqué, marquis,
Je m’en fous. Grand n’importe qui,
Gros costot, petit riquiqui :
Je te prends en ce pêle-mêle.
 
Mâle, que veux-tu ? La femelle
Ne dis pas non : Plus ou moins belles.
Il t’en faudrait des ribambelles ;
D’une femme toujours nouvelle,
Le bas trotte dans ta cervelle.
Vas t’offrir, chaussette infidèle,
À Titine comme à Dédèle ;
Sera-ce un succès ? une pelle ?
Cours, Chaussette, ou le Bas t’appelle.
 
Qu’on me coupe ici le kiki
Si cela n est pas fait acquis ;
L’homme est une chaussette qui
Cavale après un bas.
 
Maquis
 
Nous dit que noir il le préfère ;
La couleur n’est rien dans l’affaire :
Laissez un peu l’effet se faire.
Bas blanc saura le satisfaire :
Le bas règne sur notre sphère.
 
Se croyants maîtres ici bas.
Qu’ils portent haut, qu’ils portent bas,
Les hommes sont confus, babas,
De se voir sous le bât du bas.
Beaux mâles ! jurez : Caramba !
Poussez des ah, mais ! des ah, bah !
C’est toujours le mime tabac.
 
Rien à faire. Les bas s’imposent ;
Les bas des chaussettes disposent ;
Les bas rigolent, blaguent, glosent,
Et, devant tous ces bas qui posent,
Les philosophes se reposent.
 
Seul Aristide Bruant cause.
Peuple de Paris, dit-il, j’ose
Parler sans feinte à ta névrose
Tu marches tout droit aux abîmes.
 
Chaque livraison ; dix centimes.
 
Lis. Mon livre est bon ; il repose.
Lis lentement, avec des pauses,
Pour bien envisager les choses :
Vois l’épine auprès de la rose.
 
Chaque livraison : dix centimes.
 
Nous allons tout droit aux abîmes !
Épurons Paris, ça s’impose.
Pour frapper par l’effet la cause.
À ton cœur, Peuple, je propose
La haine du bas noir ou rose
Le bas qui nous mène aux abîmes !
 
Tu ne réponds pas ; tu souris,
Les pleurs suivent de près les [… ?]is.)
 
Bas de la honte et du mépris,
Bas des luxures de tous prix :
Bas superbes et bas pourris ;
Lis Peuple, tu verras, surpris,
Ce que les bas font de Paris,
 
Chaque livraison : dix centimes.

Tiré dans Tablettes d’un lézard ?


Paru aussi in : Le Libertaire (1895-1899), nº 109 (11-18 décembre 1897).