Dieu, qu’il fait froid dans les taudis !Le gueux rongé par la mistoufleT’implore en vain, car le vent souffleEt c’est si loin ton paradisQu’y a pas d’bon dieuPour le pauv’ fieu.Dieu ! qui il fait froid aux carrefoursEt dans la rue où le sans-giteTout convulsé par la bronchiteErrant s’aperçoit tous les joursQu’y a pas d’bon dieuPour les sans pieu.Dieu qu’il fait froid les nuits d’hiverQuand le loqueteux se trimbaleLe ventre grognant de fringaleIl voit bien tant il a souffertQu’y a pas d’bon dieuPour le pauv’fieu.Dieu qu’il fait donc froid sous les pontsMieux vaudrait dormir à la Morgue.Dans les liras de la grande SorgueCouché sans draps, sans édredons.Pour les sans pieuY a pas d’bon dieu.
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Les
Sans-pieu
Grandidier, Louis
jeudi 16 février 2023, par
Texte de Louis Grandidier (1897).
Sorgue : argot pour soir, nuit.
Paru aussi in : Le Libertaire (1895-1899), nº 110 (18-25 décembre 1897).